Le point noir
Le symptôme le plus flagrant de cette maladie est ce point noir. Il est visible à travers la paroi abdominale sur le côté droit. Il est certain qu'il s'agit d'une dilatation de la vésicule biliaire qui est remplie d'une bile épaisse et foncée.
La maladie touche les jeunes au nid, le point noir est parfois visible au moment même de l'éclosion. Les oisillons meurent dans les jours ou les semaines qui suivent leur éclosion. La mortalité est très variable, certains élevages connaissent des pertes très importantes lors d'une saison d'élevage (90 à 100% de mortalité) tandis que d'autres ont seulement une dizaine de cas par an avec une mortalité faible.
On peut donc penser qu'il existe des souches plus ou moins résistantes.
Il semble que l'agent pathogène responsable de cette maladie est un virus de la famille des circoviridae qui est spécifique du canari (nommé CaCV), découvert en 1995.
Tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit du responsable mais personne ne sait précisément comment il agit et surtout où il agit.
En effet j'ai lu de nombreux articles à ce sujet qui citent tous des affections différentes telles que des inflammations des muqueuses de l'appareil digestif (épithélium buccal, proventricule, intestin), un liquide dans l'appareil respiratoire, des inclusions musculaires... Bref rien n'est clair à ce sujet.
Se pose aussi la question de la transmission. Le virus passe t'il verticalement (de la mère à l'oeuf), horizontalement par contact ou les deux ? Rien à ce sujet.
J'ai donc essayé de comparer avec un virus mieux connu responsable de la maladie du bec et des plumes chez les psittacidés qui est aussi un circovirus.
De récentes études montrent qu'il est transmissible verticalement et horizontalement et qu'il agit sur le système immunitaire provoquant une immunodépression. Les oiseaux meurent alors de surinfections bactériennes. Peut-être en est-il de même pour les canaris ??
Voilà ce que la communauté scientifique nous apporte sur le sujet...
Il ne s'agit donc pas de génétique comme j'ai pu le lire et pas non plus de bactéries.
Quel traitement adopter??
Premièrement les antibiotiques ne sont pas actifs contre les virus! Il est évident qu'un traitement contre un virus est beaucoup plus difficile à mettre en place. Le moyen de lutte le plus efficace serait la vaccination. Tout le problème étant que les recherches sur le canari dans le domaine vétérinaire sont minimes et qu'un vaccin ne s'inventera pas tout seul... et ne serait pas rentable! Nous pouvons donc oublier!
Ce que l'on peut faire :
- Désinfection des locaux (difficile à mettre en place, le virus est très résistant...).
- Gavage à la seringue pour aider les jeunes en retard.
- Complémentation vitaminique et protecteur hépatique (SedocholND par exemple).
- Stimulation du système immunitaire (Je suis en train de chercher des produits qui pourrait être efficaces).
Pourquoi certains éleveurs constatent-ils tout de même une mortalité moindre avec des antibiotiques ?
Comme les oisillons sont immunodéprimmés, ils sont beaucoup plus sensibles aux infections bactériennes qui sont donc secondaires. On parle de "surinfections". On peut par exemple observer des oisillons qui sont beaucoup plus sensibles à la colibacillose, donner des antibiotiques permet donc de protéger contre les surinfections bactériennes mais cela n'élimine pas le virus.
Je conseille donc de donner un antibiotique pour protéger les oiseaux atteints et leur éviter des problèmes suplémentaires.
J'espère que ce petit article vous permettra de mieux comprendre cette maladie.
Ecrit par : Pierre Chappe (Etudiant vétérinaire)
Source : www.pierrepiaf.fr